Pierre Colleau est auteur, acteur et metteur en scène.
Roberto Trusiano est acteur et metteur en scène. Ils font tous deux partie de la troupe « Les Murmures de l’Agora ».

Orlane MOITIÉ : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Roberto TRUSIANO : Je viens de Naples, je suis venu à Paris il y a quatre ans. J’ai toujours voulu donner des sensations aux gens. Le rire des autres est mon moteur et pour le partager, j’ai voulu travailler dans le monde du spectacle.
Pierre COLLEAU : Pareil pour moi ! Je suis arrivé à Paris il y a trois ans et j’ai toujours aimé jouer et susciter des émotions. Je suis allé dans une école à Paris et c’est là que j’ai rencontré Roberto et qu’on a commencé à monter la troupe.
"Les artistes sont les médecins de l'âme."
O.M : Pourriez-vous nous expliquer comment est née la troupe ?
P.C : On a commencé à parler de troupe quand on était encore à l’école. On était cinq et nous avions beaucoup de projets mais le Covid a coupé notre élan. Deux des membres avaient d’autres projets et nous avions commencé à réaliser Coût de Cœur. Alors nous avons fait passer des castings pour recruter de nouvelles forces pour la pièce et maintenant Les Murmures de l’Agora compte sept membres !
O.M : Pourquoi avoir choisi « les Murmures de l’Agora » pour nom de la troupe ? Je trouve ça très poétique !
P.C : L’agora c’est la place publique grecque, l’endroit où on se parle, on s’exprime. Et l’art, c’est une réunion de personnes, qui suscite les débats.
R.T : Il y a aussi l’idée de la propagation ! Le bouche-à-oreille est important : pas besoin de crier pour se faire entendre et prendre de la place.
P.C : On ne fait pas encore beaucoup de bruit mais on est quand même là.
O.M : Parlons de la pièce que vous avez monté, la première, Coût de Cœur. Qu’est-ce-qui a lancé le processus de création ? Comment se déroule l’écriture d’une pièce de théâtre ?
P.C : Tout a commencé simplement parce que j’avais envie d’écrire. J’ai tapé trois ou quatre pages sans réfléchir, juste pour le plaisir, et je me suis rendu compte qu’une histoire commençait à se dessiner. Après, il y a eu beaucoup de travail, on a caché des petits messages pour les connaisseurs, des références… Pour la mise en scène, on a dû beaucoup réfléchir sur les décors.

R.T : La pièce a beaucoup évolué entre l’écriture et les représentations ! Et on a changé les registres de jeu petit à petit.
O.M : Comment s’organise-t-on autour d’un tel projet ? Il faut définir une mise en scène, le jeu, le rythme, trouver un théâtre…
P.C : Grâce à notre école et notre formation nous avions déjà fait cet exercice; travailler en groupe, sur une pièce de notre cru et présenter le résultat. On appelle ça une « carte blanche ». Coût de Cœur finalement, c’est une carte blanche plus élaborée.
Pour le théâtre, on a fait beaucoup de démarchage. J’ai fait une liste des théâtres de Paris dans lesquels la pièce aurait pu être jouée en prenant en compte les contraintes scéniques, comme la taille de la scène.
R.T : Les décors ne devaient pas être trop encombrants, la scène ne devait pas être trop grande. On a pris différents chemins avant de choisir de travailler sur les ambiances plutôt que sur les décors.
P.C : On savait déjà dans quelle direction on voulait aller, une idée par rapport à la construction des scènes et des codes de jeu donc on a pu travailler avec les comédiens. On est restés ouverts sur les propositions et attentifs aux petits accidents de la scène qui se révèlent merveilleux. On s’est formé sur le tas, petit à petit.
O.M : Pourquoi avoir choisi le thème de l’amour ?
P.C : C’est un thème qui me fascine parce qu’il est extrêmement riche et vaste. J’aime cet univers. Je ne compte pas en refaire le thème principal de mes prochaines pièces mais ce sera toujours la base de mes écrits.

O.M : Comment votre travail a-t-il été reçu par les spectateurs ?
P. C : Jusqu’à présent on a eu beaucoup de très bons retours, ce qui est très rassurant. On a aussi des critiques et des retours constructifs parce que c’est notre premier spectacle, ce n’est pas parfait. Ça nous aide à évoluer tout en restant fidèle à notre esprit. Il y a des partis pris qui ne plaisent pas à tout le monde mais qui font notre originalité.
R.T : À la fin de la pièce on retrouve les spectateurs et on échange avec eux. Les interprétations et les débats sont très riches. Le public attribue à chaque personnage une interprétation différente. Ils se projettent et il n’y a pas de vérité sur la lecture des rôles donc on est toujours surpris. Ce qui me plait, c’est la spontanéité et le partage de ce qui s’est passé sur scène. Quand le public rit, ça fait du bien aux spectateurs mais aux acteurs aussi. Ça vaut tout l’or du monde de se dire qu’on a fait oublier ses problèmes à Untel le temps de la pièce. C’est pour ça que les échanges à la fin de la pièce sont si importants.
P.C : Les artistes sont les médecins de l’âme.
O.M : Où peut-on vous retrouver ?
R.T : Tous les jeudis au théâtre Darius Milhaud dans le 19ème à Paris à 19 heures jusqu'au 31 mars !
P.C : Et sur Instagram @lesmurmuresdelagora.
Propos recueillis par Orlane MOITIÉ